PELERINAGE DU 1 MAI 2013
SANCTUAIRE SAINT JOSEPH DE ROUSSAS
HOMÉLIE du Père Eric Lorinet
« D'où lui viennent cette sagesse et ces miracles ? ...Ils étaient profondément choqués à cause de lui. »
Étonnant comme les gens d'alors sont prisonniers de leurs clichés et de leurs certitudes.Comme si le fait de connaître son père, ses frères et sœurs disqualifiait Jésus d'office.
C'est sûr que dans ces circonstances, ces gens-là ne peuvent accéder à la foi.
On aimerait que les gens aient changé... On pourrait rêver d'un monde où la différence ne ferait plus peur,
où l'on s'accepterait soi-même d'abord puis, les uns les autres comme on est, où on serait capable de voir chez l'autre, autre chose que le premier abord ou le défaut.
Ce n'est pas la réalité flagrante. Le risque est donc de basculer dans le défaitisme et de ne plus rien faire sauf déprimer.
Même si la météo d'aujourd'hui nous y entraîne, il ne faut pas !
Nous devons d'abord vivre pour nous-mêmes puis témoigner que ce rêve est déjà réalité.
Nous avons construit une église avec nos pierres différentes mais qui s'ajustent les unes aux autres. Nous y avons mis la pierre angulaire qu'est le Christ, celui qui nous rassemble,
celui qui nous rend frères et sœurs les uns des autres, celui qui, par sa mort et sa résurrection, nous a libérés de la mort, du péché et de la haine. C'est bien le Christ qui est le principe d'unité de l'Église. Et cette unité respecte la diversité parce qu'elle la suppose.
Le lien, c'est l'Esprit-Saint, celui qui anime, qui bouscule, qui met debout en donnant la vie.
Cet Esprit reçu à notre baptême et à notre confirmation transcende toutes nos différences et nous permet d'accéder à la paix et même à l'amour de soi-même et du prochain.
Il nous permet aussi d'aller jusqu'à la foi et ce n'est pas rien. Vous l'avez entendu dans l'évangile : comme ils savent qui est Jésus, qu'ils connaissent sa famille et qu'ils le voient, il ne croient pas.
Or beaucoup de nos contemporains affirment qu'ils ne croiront pas tant qu'ils n'auront pas vu Jésus. D'un côté, c'est la vision qui est un obstacle à la foi et de l'autre, la non-vision. Donc, la foi n'a rien à voir (c'est le cas de le dire!) avec le fait de voir ou non le Christ Jésus.
La foi est une décision, un acte libre, qui provient un peu de ce qu'on a vu (les témoins), de ce qu'on a appris (le contenu de la foi et sa cohérence), de ce qu'on a vécu et ressenti (les diverses expériences spirituelles ou les rassemblements comme ici), de la stimulation des autres (on vit en Église et on croit ensemble).
C'est un processus complexe et jamais acquis pour de bon : il faut toujours y travailler...
Alors, où que nous soyons dans ce grand corps qui est l'Église du Christ, nous sommes membres du peuple de Dieu, animés parce qu'habités par l'Esprit-Saint.
Cela nous confère une dignité que nul ne pourra nous ravir ; cela nous donne aussi une mission : celle de vivre dans l'Alliance avec notre Dieu, et d'en témoigner parce que cette Alliance est ouverte à toute personne de bonne volonté.
Que St Joseph, l'homme de foi et de la confiance en Dieu, celui qui a reçu puis accompli la mission de veiller sur Marie et sur Jésus, nous aide à faire de même : nous aussi, nous recevons le Christ en nous.
Veillons sur ce don merveilleux et portons-le au monde qui l'attend. Amen.